Aude, psychologue au 14ème Centre médical des armées de Tours

Découvrez le portrait d’Aude, psychologue d’active au 14ème Centre Médical des Armées (CMA) de Tours (37) depuis 2016. Elle est affectée à la Base Aérienne (BA) 705 Tours et est référente d’une zone qui regroupe 9 départements et qui comporte 3 psychologues d’active et 5 psychologues réservistes.

 

Qui êtes-vous ?

Je suis le Capitaine Aude, psychologue clinicienne et j’ai effectué un cursus universitaire en neurosciences, puis un cursus universitaire en psychologie clinique et psychopathologie. Avant de m’engager pour les armées, j’ai travaillé en milieu hospitalier à Londres, Paris et Tahiti, et j’ai enseigné à l’université. En parallèle de l’enseignement, j’ai rejoint, en 2015, le service de santé des armées (SSA), en tant que psychologue réserviste au sein de l’École d’Enseignement Technique de l’Armée de l’Air et de l’Espace (EETAA) BA 722 Saintes et à la BA 721 Rochefort. J’assurais le suivi des élèves de l’école de l’armée de l’air à Saintes et des militaires en formation à Rochefort. Pendant ces 2 années, cette mission en tant que réserviste a été une véritable révélation dans mon parcours professionnel. Le service de santé des armées m’a proposé un poste en 2016 sur le 17ème CMA de Tours (auj. 14ème CMA) en tant que psychologue d’active. Dès le recrutement, et avant de prendre mon poste, j’ai effectué une formation militaire qui m’a confirmé dans ma volonté de m’engager.

J’ai découvert les antennes médicales au plus près du terrain, avec des personnes engagées, dans un esprit de groupe et de cohésion. Je reçois des patients qui sont orientés par les médecins des forces avec qui j’échange beaucoup. Affectée à la BA 705 Tours, je suis aujourd’hui psychologue référente d’une zone qui regroupe 9 départements, où nous sommes 3 psychologues d’active et 5 psychologues réservistes. La création des postes de psychologues en CMA s’est développée avec la mise en place du plan d’action sur « la prise en charge et le suivi du blessé psychique dans les forces armées » (lancé en 2015). Notre mission est de développer une activité de soutien psychologique, en coordonnant l’ensemble des actions menées sur différents sites avec les médecins militaires. Sur la région, le mois dernier, ce sont plus de 250 personnes qui ont été reçues pour des suivis ou des entretiens de retour de mission.

 

Pourquoi avez-vous fait le choix de devenir psychologue dans les armées ?

Avant mon intégration, je ne connaissais l’armée qu’au travers de l’engagement de mon père et de mon grand-père dans des conflits armés. Mon incorporation dans la réserve opérationnelle a été un véritable déclic. Être psychologue dans les armées c’est pouvoir s’appuyer à la fois sur la clinique et l’environnement militaire. La clinique est essentielle dans ma pratique, enrichie par cet environnement militaire et ses valeurs institutionnelles. Le sens du devoir m’attirait particulièrement, correspondant ainsi à la conscience professionnelle que j’engage chaque jour auprès du personnel militaire servant le pays. Les valeurs humaines que renvoient l’institution, la diversité des postes, les responsabilités et la collaboration en équipe font l’identité du service de santé des armées. L’institution militaire nous permet d’aller au-delà de notre engagement. Elle impose une dynamique de travail motivante.

 

Comment se manifestent « l’engagement » et « l’humanité » au quotidien dans votre métier ? Avez-vous une expérience à partager ?

L’humanité et l’engagement sont indissociables l’un de l’autre. L’engagement impose le sens du devoir, et l’humanité est au centre de notre mission. J’ai toujours à l’esprit des patients dont la vie sociale et familiale s’est arrêtée à un moment de leur carrière. Ces suivis leur ont permis, au fil de nos entretiens, de poser des mots sur des maux, en se libérant des traumatismes subis ou des situations délicates traversées. Ce sont des militaires du rang comme des officiers supérieurs qui ont pu vivre des moments douloureux et qui nous renvoient des messages forts et très personnels. Chaque entretien est un moment différent, singulier et très important, auquel nous donnons toute notre attention et notre concentration.

J’ai en mémoire, parmi tant d’autres, ce jeune militaire qui présentait des troubles post-traumatiques après une mission difficile. Il n’avait jamais osé en parler, il ne dormait plus depuis des mois, il s’isolait et ne supportait plus la vie sociale. Les séances ont permis d’apaiser sa souffrance et de retrouver sa place dans son unité, et aussi auprès de sa femme et de ses enfants. La prise en charge psychologique a aussi un impact sur l’entourage familial des militaires : une épouse de militaire qui retrouve son mari, un enfant qui retrouve son père. Partout en France, dans tous les CMA et les Hôpitaux d’Instruction des Armées (HIA), les psychologues accompagnent des militaires. Apporter cette aide et ce soutien nous rendent fiers de servir.

 

Comment envisagez-vous la suite de votre parcours au sein du SSA ?  

J’aime mon métier au sein des antennes et nous avons beaucoup à faire. Je m’y engage chaque jour et je suis prête et motivée à poursuivre mon parcours là où je serais la plus utile. J’ai déjà eu la possibilité de faire des missions opérationnelles, programmées ou en urgence. Ces missions nous permettent d’être au plus près des forces sur le terrain et ainsi être réactifs pour faire face à tout type de situation. Ces interventions font pleinement partie de notre mission. J’envisage ainsi la poursuite de mon parcours auprès des militaires dans leur intervention opérationnelle.

 

Que diriez-vous à un jeune qui hésite à sauter le pas pour rejoindre le SSA ?

Je lui dirais que travailler, c’est s’accomplir, et qu’au sein des forces armées, il aura un rôle très important auprès de femmes et d’hommes qui se sont engagés pour leur pays sur des missions souvent très difficiles, et qui ont vraiment besoin de lui. Je lui dirais aussi qu’il se sentira et qu’il sera vraiment utile aux autres et c’est là, au service des armées, que son métier de psychologue et son engagement prendront tout son sens.

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