Interview du médecin anesthésiste-réanimateur Clément

Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Je suis le médecin en chef Clément, médecin anesthésiste réanimateur, chef de service de réanimation polyvalente de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Bégin depuis 6 ans et chercheur en neurosciences. Mon activité quotidienne se partage entre les soins aux patients du service de réanimation, les gardes en anesthésie ou en réanimation, l’enseignement aux internes, la recherche biomédicale et la gestion du service de réanimation.

 

Qu’est-ce que cela implique d’exercer au SSA au quotidien ?

L’exercice médical stricto sensu est sensiblement similaire à ce que l’on pourrait rencontrer dans des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) ou Centres Hospitaliers Généraux (CHG) ailleurs en France, et heureusement, cela veut dire les soins sont relativement standardisés entre les différents centres. Mais les rapports humains sont différents dans un HIA, ce n’est pas la même chose que d’exercer dans un autre hôpital. En plus d’être un hôpital, nous sommes une unité militaire, avec une majorité de personnels militaires, qui sont ensemble attachés aux valeurs de la République. Cet attachement à des valeurs fortes et une grande capacité d’adaptation font notre particularité. C’est ainsi que dans les crises (attentats de Paris en 2015 ou Covid en 2020) les hôpitaux du SSA ont pu répondre rapidement. Un exemple : en mars 2020 nous avons créé 20 lits de réanimation éphémère à l’HIA Bégin en 5 jours, en plus des 12 lits qui existaient déjà. C’est grâce à l’engagement de tous les personnels que cela a été possible.

 

Quelle motivation et quelles valeurs vous portent au quotidien ?

En plus du serment d’Hippocrate qui guide nos vies de médecin, ce sont les valeurs de la République : Liberté, égalité, fraternité qui guident notre action. C’est plus une exigence supplémentaire d’être toujours au top niveau, autant pour nos patients que pour nos soldats blessés. Deux valeurs me semblent incarner parfaitement ce que le SSA devrait véhiculer et que l’on retrouve dans mon service : la rigueur et l’adaptation.

 

Quelles sont les spécificités techniques de votre métier dans cet environnement militaire ?

En métropole, il y a surtout les astreintes EVASAN (*Évacuation Sanitaire) : si un militaire est blessé n’importe où sur le globe, dès que son état est stabilisé, nous prenons un avion médicalisé pour le ramener en métropole avec l’objectif que tous les patients soient à Paris moins de 24h après la blessure. Ensuite, ce sont surtout les opérations extérieures où nous exerçons complètement différemment. Déjà le rythme est différent en mission. Les circuits sont plus courts, ce sont de petites organisations où tout le monde se connaît et travaille ensemble à mener à bien la mission. Quand on a soigné nos soldats, les militaires alliés, on a alors le temps de faire de l’Aide Médicale à la Population (AMP) ce qui permet de rencontrer les locaux et de participer aux soins localement. En outre, nous avons souvent la possibilité de former des soignants locaux, ce qui permet d’inscrire notre action dans la durée pour les populations.

 

Auriez-vous un souvenir marquant de votre carrière à nous partager ?

J’ai dû opéré un enfant qui souffrait d’une occlusion intestinale aigüe sur une hernie. C’est une opération banale en France mais que personne ne pouvait réaliser à N’djamena (Tchad) et que nous avons pu réaliser pour ce jeune patient. Le sourire qui se lisait sur le visage de sa mère est l’un des souvenirs les plus marquants de ma carrière.

Un autre enfant avait avalé une pièce de monnaie qui, en se coinçant dans son œsophage, s’est infectée. Nous avons réussi à la retirer sous anesthésie générale. Qu’est-ce que j’étais soulagé d’avoir extrait cette pièce !

 

Vous souhaitez soigner autrement ? Consultez la fiche métier de médecin militaire.

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