« La cohésion et l’engagement se manifestent lors des missions et des exercices réalisés avec tout l’équipage ». Amélie, infirmière militaire embarquée à bord d’une Frégate

Amélie est infirmière en soins généraux à ancrage Marine. C’est une « sorcière », surnom que l’on donne aux infirmiers embarqués à bord des bâtiments de la Marine nationale. Elle est embarquée à bord d’une Frégate Européenne Multi-Missions (FREMM), dont la mission est de protéger les intérêts et la sécurité de la France à travers le monde. Amélie nous décrit les spécificités de son métier d’infirmière embarquée ainsi que son environnement de travail hors du commun.

Bonjour Amélie, quel parcours avez-vous réalisé pour devenir infirmière militaire et pourquoi avoir choisi d’exercer en tant qu’infirmière à ancrage Marine ?

Après un Baccalauréat Sciences et Technologies de la santé et du social (ST2S) et une école de préparation infirmière, ainsi qu’une préparation militaire marine (PMM) et une préparation militaire santé, j’ai intégré l’Ecole du Personnel Paramédical des Armées (EPPA) à Toulon en 2014.

J’ai choisi à la fois la Marine nationale pour l’esprit d’équipage et la possibilité d’exercer en milieu maritime, et le SSA pour la diversité des missions confiées aux infirmiers des forces et les nombreuses perspectives d’évolutions professionnelles.

 

Vous avez la particularité d’être embarquée à bord d’une Frégate de la Marine nationale, pourriez-vous nous décrire quelles sont vos missions en tant que personnel soignant à bord de ce bâtiment de surface ?

Je forme un binôme avec le médecin du bord et soutiens à temps plein mon équipage, que ce soit aussi bien les marins affectés à bord que les autres militaires, et parfois civils, qui sont ponctuellement projetés avec nous pour certaines missions. Au quotidien, je prépare les marins à la projection en opération, je les soutiens pour tous les imprévus de santé, que ce soit par des soins ou en ayant simplement une oreille attentive. Je maintiens en condition l’infirmerie embarquée en assurant son ravitaillement en produits et matériels de santé. Je suis également responsable de la formation initiale et continue en secourisme et sauvetage au combat des brancardiers du bord. En cas de problème de santé majeur d’un marin, simultanément à sa prise en charge, je participe au conseil au commandement pour poursuivre la mission de manière optimale.

En termes de pathologies, elles sont similaires à celles rencontrées en exercice libéral (traumatologie, infections, urgences…). Viennent ensuite s’ajouter les particularités de notre milieu : l’isolement en haute mer nécessite une autonomie en urgences préhospitalières et en évacuations sanitaires, et la promiscuité à bord doit nous faire anticiper et maîtriser d’éventuelles épidémies.

 

Avec quelles autres spécialités de soins êtes-vous amenée à exercer à bord ?

Je travaille en binôme avec un médecin au quotidien. En cas de menace pour la sécurité du bâtiment, nous sommes renforcés par nos brancardiers :  ce sont des marins de toutes spécialités –cuisinier, secrétaire, moniteur de sport- qui ont ce rôle dédié en cas d’évènement particulier à bord. Mon travail est intégré à celui de tout l’équipage, que ce soit pour la prise en charge d’un blessé ou pour la vie en mer. Enfin, lorsqu’un marin nécessite une évacuation sanitaire, nous travaillons en coordination avec nos cellules d’évacuation sanitaire et les équipes médicales des autres bâtiments à proximité, notamment ceux disposant d’une capacité chirurgicale.

 

Avec quel type de matériel travaillez-vous ?

Sur notre FREMM, nous avons un matériel comparable à celui des ambulances de réanimation du SAMU, avec la possibilité de stabiliser un patient en réanimation pendant quelques jours. A cela s’ajoute une pharmacie pour prendre en charge un large spectre de pathologies du quotidien et cela pendant plusieurs mois.

 

C’est un environnement de travail atypique, à quelles missions prenez-vous part lorsque vous êtes embarquée sur une FREMM comme celle-ci ?

En tant qu’infirmière à ancrage Marine, nous pouvons être projetés à bord de bâtiments sur tous les théâtres d’opération du globe. Les principales missions auxquelles nous prenons part en dehors des conflits sont la participation aux évacuations médicales, à l’évacuation de ressortissants, au secours aux naufragés, à la lutte contre les trafics et contre la pêche illégale, au ravitaillement de postes français isolés et à la coopération avec les autres Marines internationales.

 

Quel type de formation avez-vous suivi ou pourriez-vous suivre à l’avenir ?

J’ai pu suivre une formation sur la mise en condition du blessé de guerre, une autre sur la prise en charge des plaies et leur cicatrisation, mais également sur la sensibilisation à la psychotraumatologie et à la victimologie clinique. Le maintien de mes compétences passe par des stages réguliers en service d’accueil des urgences.

 

 

Les parcours sont variés au Service de santé des armées, vers quelles fonctions pourriez-vous évoluer à l’avenir ?

J’ai la possibilité de continuer à embarquer pendant encore plusieurs années. Je peux aussi exercer en service médical à terre, et encadrer les jeunes infirmiers embarqués pour leur passer le relais. J’ai également la possibilité de passer les concours pour devenir infirmière-anesthésiste, infirmière de bloc opératoire ou encore cadre de santé. Le SSA permet une grande diversité d’opportunités professionnelles et lieux d’activité : en service médical embarqué, en antenne médicale à terre, à l’hôpital, à l’étranger, en outre-mer…

 

Vous avez un environnement de travail riche de valeurs, quelles sont celles que vous retiendriez en premier lieu ?

La cohésion et l’engagement se manifestent lors des missions et des exercices réalisés avec tout l’équipage : les situations rencontrées et les prises en charges effectuées, dans des conditions souvent extraordinaires, donnent tout son sens à notre choix de servir.

Les repas, les activités cohésion avec les membres de mon carré et les séances de sport sont les moments que je préfère à bord. Nous avons une salle de sport équipée qui nous est dédiée avec des appareils de musculation, vélos, rameurs et tapis de course.

 

Exercez-vous une activité particulière en dehors de ce métier hors du commun ? 

Ayant été affectée sur un bâtiment de la Marine nationale à La Réunion pendant plusieurs années, j’ai pu découvrir et pratiquer l’ultratrail qui est une réelle institution sur l’île. Cela demande un entrainement rigoureux et intense, mais est totalement compatible avec des périodes en mer où nous pouvons faire du travail de musculation, du vélo… et de la proprioception avec les mouvements du bateau !

 

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