Interview portrait : « Faire preuve de bon sens et de pragmatisme » Célia, technicienne vétérinaire militaire

Célia s’est engagée au sein du Service de santé des armées (SSA) après une rencontre pendant sa licence professionnelle. Depuis, elle est technicienne vétérinaire au 22e groupe vétérinaire de Bordeaux. Elle est en charge de la sécurité sanitaire des aliments et des eaux destinées à la consommation humaine. Son rôle est primordial, aussi bien en France qu’en opérations extérieures, étant donné le fort impact que les infections peuvent avoir sur les capacités opérationnelles de nos unités.

 

Parler-nous de votre parcours : quelles études avez-vous réalisées et pourquoi vous être engagée au sein du SSA ?

J’ai un BAC+3. J’ai d’abord obtenu un BTS Diététique en 2 ans puis j’ai passé une licence professionnelle en alternance dans la sécurité sanitaire des aliments. J’ai été recrutée sur diplôme et j’ai rejoint le Service de santé des armées dès la fin de mes études supérieures, en signant un contrat d’engagement d’une durée de 5 ans.

J’ai eu l’opportunité de rejoindre le SSA suite à l’intervention d’une technicienne vétérinaire lors de ma licence professionnelle. Étant attirée par le milieu des forces armées et ayant cette volonté de servir mon pays, je n’ai pas hésité à candidater puisque le domaine d’études dans lequel j’étais correspondait aux prérequis du métier de technicien vétérinaire.

 

Le SSA dispense-t-il des formations particulières liées à votre métier ?

Après avoir été recrutés, nous suivons une formation théorique initiale de qualification en plus d’une formation pratique en groupe vétérinaire. Ce cursus d’une durée de neuf mois a pour objectif de faciliter l’insertion du technicien vétérinaire dans son environnement professionnel et d’acquérir les compétences indispensables à la pratique des activités de technicien vétérinaire.

Il permet au technicien vétérinaire de connaître l’organisation générale du soutien vétérinaire, le système de commandement, d’acquérir les connaissances théoriques, pratiques et méthodologiques qui permettent de devenir autonome sur nos postes.

Comme tous les personnels du Service de santé des armées, les techniciens vétérinaires peuvent bénéficier d’une formation continue. Cette formation, qui doit répondre aux besoins du service, est réalisée au sein du SSA ou en externe.

 

Les missions du technicien vétérinaire sont nombreuses et variées. Pourriez-vous nous décrire votre quotidien et les problématiques que vous rencontrez ?

Nos missions sont liées à la santé publique vétérinaire, à savoir le contrôle de l’hygiène des aliments au sein des organismes de restauration relevant du ministère des Armées et du ministère de l’Intérieur, le suivi des fournisseurs de denrées alimentaires du ministère, la surveillance et le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine. Il est également possible d’être formateur dans les domaines de l’hygiène des aliments et des eaux destinées à la consommation humaine.

La particularité des techniciens vétérinaires des armées est que l’on exerce notre activité au profit des forces armées, que ce soit en France métropolitaine ou en Outre-Mer et sur les théâtres d’opérations extérieures.

La principale problématique que l’on peut rencontrer est celle des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). Leur prévention est particulièrement importante pour les armées, compte tenu de l’impact que ces infections peuvent avoir sur la capacité opérationnelle des unités, notamment en opérations extérieures.

De manière globale, un groupe vétérinaire exerce des activités de santé animale (par les vétérinaires) et de santé publique vétérinaire (tant par les vétérinaires que par les techniciens vétérinaires).

 

Avec quels autres acteurs travaillez-vous au quotidien ?

Nous sommes principalement en relation avec du personnel qui dépend d’un Groupement de Soutien d’une Base de Défense (SGBDD), suivant la zone territoriale concernée, mais aussi avec du personnel de la Direction Générale de l’Armement (DGA), du personnel d’Escadrons de Gendarmerie Mobile (EGM), du personnel de l’Institut de Gestion Sociale des Armées (IGS). Les activités de contrôle sont déterminées selon une programmation annuelle, qui établit le plan de charges de la structure, que nous nous répartissons selon nos disponibilités.

 

Êtes-vous susceptible d’exercer en opérations extérieures (OPEX) ?

Nous sommes susceptibles d’exercer en OPEX pour des missions d’une durée de quatre mois, en général. Nous avons alors les mêmes missions qu’en France mais dans un environnement opérationnel particulier où la maîtrise des risques sanitaires, bien que difficile dans un environnement souvent dégradé, n’en est pas moins primordiale.

Nous participons à la maîtrise des approvisionnements en eaux et au contrôle de leur qualité (contrôle des captages et des installations de traitement, réalisation de prélèvements et d’analyses d’eaux avec le matériel d’analyses de terrain de la dotation vétérinaire).

Nous contribuons également à prévenir l’introduction sur le territoire national d’agents pathogènes pour les hommes, les animaux et les végétaux en veillant à l’application et en contrôlant la mise en œuvre des mesures sanitaires applicables pour les retours de matériels militaires (dératisation, désinsectisation, nettoyage et désinfection).

Ces dernières années, les techniciens vétérinaires des armées ont participé à la plupart des opérations extérieures dans lesquelles les forces françaises ont été engagées : Kosovo, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Jordanie, Bande Sahélo-Saharienne…

Grace à notre fonction, qui nous oblige à communiquer avec de nombreuses personnes venant de différentes unités, nous avons la chance de pouvoir découvrir un nombre de métiers et de spécialités déployés sur le théâtre d’opération. Il est intéressant, à ce moment, de sauter sur l’occasion pour échanger et faire passer des informations de santé publique.

J’ajouterai également que, suivant la situation du théâtre d’opérations, nous avons la possibilité d’effectuer des missions sur des camps isolés, soit en nous déplaçant en convoi soit en prenant un avion ou un hélicoptère militaire : ces opportunités nous permettent de nous rendre compte de la réalité du terrain et nous apprennent à faire preuve de bon sens et de pragmatisme.

 

Vers quelles fonctions pourriez-vous évoluer à l’avenir ?

L’avancement (évolution professionnelle) est réalisé chaque année parmi les personnels ayant le même grade et répondant aux conditions statutaires d’ancienneté. Au fur et à mesure, un technicien vétérinaire pourra accéder à des grades de plus en plus élevés tout au long de sa carrière. Nous pouvons aussi accéder à des fonctions transverses indépendantes de notre affectation comme, par exemple, superviseur, membre d’un groupe d’experts, référent adjoint d’un théâtre d’opérations ou d’un secteur outre-mer.

 

En dehors de votre métier, quels sont vos moments préférés dans la semaine ?

Mon moment préféré de la semaine est lorsque quand je peux échanger avec mes collègues à propos des différentes visites que nous avons réalisées. Cela nous permet toujours d’évoluer dans notre spécialité.

En tant que militaire et dans le cadre du maintien en condition opérationnelle permanente, j’apprécie également d’avoir la possibilité d’effectuer ma séance de sport avant de commencer la journée. Cela me permet de me mettre en jambes pour le reste de la journée. Je suis une férue de sport, que ce soit collectif (basketball, etc.) ou individuel (course à pied, trail, musculation, vélo, etc.).

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