« Le métier d’infirmier militaire était pour moi une évidence. »
Traumatologie du blessé de guerre, opérations extérieures, formation continue… le métier d’infirmier militaire était pour Julie « une évidence ». Après avoir réalisé ses trois années d’études d’infirmière aux Écoles militaires de santé Lyon-Bron, elle est aujourd’hui affectée à la 79e antenne médicale de Lyon Mont Verdun. Elle contribue au bon fonctionnement de l’antenne médicale, s’assure que les personnels soient opérationnels, tout en se tenant prête à partir elle-même en mission. L’infirmière en soins généraux Julie décrit son environnement de travail et ses missions au sein du Service de santé des armées.
Pourriez-vous nous présenter votre parcours et nous dire pourquoi avoir choisi de rejoindre le Service de santé des armées ?
J’ai débuté mon engagement en 2017, pour une durée de 9 ans. Ce qui se traduit par 3 ans d’études aux Écoles Militaires de Santé Lyon-Bron (EMSLB) pour mes études d’infirmière militaire puis 6 ans de lien au service à l’issue.
Diplômée en 2020, j’ai réalisé mes classes de sous-officier au sein de l’armée de Terre puis j’ai rejoint la 102e antenne médicale d’Angoulême pendant 3 ans. Ensuite, j’ai été mutée en 2023 à la 79e antenne médicale de Lyon Mont Verdun.
Avant d’entrer dans l’armée, j’étais préparatrice en pharmacie et je souhaitais faire quelque chose qui bougeait un peu plus. Je me suis renseignée sur ce parcours à l’armée et on m’a parlé du Service de santé des armées. J’ai choisi de prendre une nouvelle filaire pour avoir le côté santé en plus de l’aspect opérationnel. Le métier d’infirmier militaire était pour moi une évidence.
Justement, quelles sont vos missions en tant qu’infirmière en soins généraux ?
En métropole, je dispense des soins d’urgence et soins infirmiers classiques de type pansement/injection. Je réalise les visites d’aptitude des militaires et assure le soutien sanitaire des militaires en exercice. Je m’entraîne et me forme aux soins d’urgence en mission (sauvetage au combat), et je me maintiens en condition opérationnelle pour partir en opérations extérieures en poursuivant un entraînement physique et militaire (tir, combat, sport, qualifications militaires, etc.).
Quel type de patientèle et de problématiques rencontrez-vous ?
Cela diffère selon l’affectation et la spécificité de l’arme soutenue. Dans l’armée de Terre, les patients militaires sont généralement jeunes et en bonne santé alors que dans l’armée de l’Air et de l’Espace, ce sont plutôt des spécialistes que l’on suit (pilote, convoyeur, etc.).
Leurs pathologies sont liées à l’exercice des militaires : traumatologie du sport, urgences, médecine générale, aptitudes… En mission extérieure et selon les théâtres d’opération, cela peut être de la médecine d’urgence de type plaies par balle ou explosions.
Nous devons être en mesure de répondre aux besoins des unités soutenues et assurer le bon fonctionnement de notre antenne médicale. Il faut se tenir prêt à partir en mission en conservant un bon niveau physique, sanitaire, militaire mais aussi nous assurer que nos personnels soient prêts au niveau médical. Pour cela, le travail se déroule en équipe avec le médecin militaire et l’auxiliaire sanitaire mais nous pouvons aussi être en poste isolé en autonomie sur le terrain avec le médecin au bout du fil.
Quelles activités votre service réalise-t-il et avec quelles équipes ?
Actuellement, mon service médical soutient un état-major opérationnel de l’armée de l’Air et de l’Espace, capable de planifier et conduire des opérations à travers le monde entier, depuis la base aérienne 942 à Lyon Mont-Verdun. Je travaille aussi avec une équipe médicale composée de deux médecins, cinq infirmiers en soins généraux, six auxiliaires sanitaires et une secrétaire civile. Une psychologue nous soutient aussi 2 fois par semaine ainsi que des réservistes infirmiers, médecins et dentistes qui interviennent régulièrement.
Quel matériel avez-vous à disposition pour réaliser ces missions ?
Notre antenne médicale est équipée d’une salle de soins et de vaccination, d’une salle de biométrie pour réaliser des électrocardiogrammes, tests visuels et d’audiométrie, d’une salle consacrée à la prise en charge des urgences (avec du matériel de type respirateur, défibrillateur, oxygène…) ainsi que d’un véhicule d’évacuation sanitaire. Nous avons également notre propre pharmacie.
Êtes-vous susceptible d’exercer en OPEX ?
Bien sûr, je réalise un départ en mission extérieur par an. Le SSA est présent avec une équipe médecin-infirmier et auxiliaire sanitaire partout où nos militaires français sont déployés et peu importe leur corps d’armée (Terre, Air, Mer, Gendarmerie, Légion étrangère…).
Nos environnements d’exercice sont variés. Nous pouvons donc nous retrouver dans un véhicule blindé en Afrique, à pied en Guyane, dans un hélicoptère ou dans un avion lors d’évacuations médicales d’urgences, dans un bâtiment ou un sous-marin de la Marine nationale ou bien dans des « hôpitaux militaires de terrain » montés dans les tentes (comme l’hôpital que nous avons déployé sur un parking à Mulhouse pendant la crise COVID-19).
Quel type de formation avez-vous suivi et vers quelles fonctions pourriez-vous évoluer à l’avenir ?
J’ai suivi plusieurs formations paramédicales ces 3 dernières années : sauvetage au combat, transfusion sanguine de l’avant, prise en charge médico-psychologique en situation de soignant isolée, actualité du paludisme et suivi et soin des plaies et cicatrisations.
Au niveau militaire : une formation de sous-officier et un entraînement au tir et tests physiques annuels comme tous militaires ainsi que d’autres formations spécifiques selon les missions.
Je souhaite encore réaliser des missions opérationnelles pendant quelques années afin de me perfectionner et élargir ma pratique infirmière mais je souhaiterais à terme devenir infirmière cadre de santé.
Comment se manifestent la cohésion d’équipe dans votre métier ?
La cohésion se manifeste notamment lors de « Sorties Cohésion » entre équipes où nous pratiquons différents sports ou bien lorsque nous venons en renfort d’autres antennes médicales. En mission extérieure, la cohésion se ressent en rencontrant d’autres équipes et en partageant nos quotidiens.
Pourquoi appréciez-vous servir au SSA et en quoi exerce-t-on autrement au SSA ?
Le métier d’infirmier militaire dans les forces armées est très différent de celui qu’on retrouve dans le civil. Les valeurs du métier d’infirmier sont liées à celles du militaire, ce qui rend ce métier riche et opérationnel. On doit être prêt à toute éventualité donc il faut bien se préparer et savoir répondre au mieux au besoin.
Quel est votre moment préféré de la semaine ?
J’aime pratiquer une activité sportive le matin pour me réveiller et avoir l’énergie nécessaire pour attaquer une bonne journée. Sinon, la matinée « Instruction » nous permet d’apprendre et actualiser nos connaissances, de nous exercer au sauvetage en combat et nous entrainer à notre métier en situation d’urgence.
Avez-vous une passion en dehors de votre métier ?
Les voyages. Chose que l’on peut allier à notre métier lorsqu’on se trouve en mission de courte durée dans les DOM-ROM et que nous avons un peu de temps libre pour explorer les environs.
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