Julien, infirmier militaire engagé aussi bien en mer que sur terre

Lors de sa participation au salon de l’étudiant « l’aventure des métiers » du 25 au 27 novembre 2022, l’infirmier Julien a raconté son histoire avec le service de santé des armées (SSA), son parcours et ses expériences uniques.

 

  • Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Julien et je suis titulaire du diplôme d’état d’infirmier (DEI) depuis 2008. Je me suis engagé en 2005 pour devenir infirmier au sein de la Marine nationale. Après 6 mois à l’école de Maistrance, j’ai effectué un premier stage à l’infirmerie de l’Escadrille des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (ESNLE) à Brest, ce qui m’a permis de découvrir le monde des forces sous-marines, qui jusque-là restait pour moi très mystérieux et entouré de secrets.

Puis, j’ai intégré l’école du personnel paramédical des armées (EPPA) à Toulon pour l’obtention du DEI. Durant ces 3 ans, j’ai effectué plusieurs stages en unité : le premier sur la Frégate SURCOUF pour expérimenter la vie embarquée en surface. Et enfin, l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque (ESNA) à Toulon, qui m’a permis de mûrir pleinement mon projet de travailler en tant qu’infirmier marinier.

Je suis actuellement affecté au service médical du site de la base opérationnelle de l’Île Longue. Et je compte poursuivre ma carrière au SSA car je vais bientôt voguer vers de nouveaux horizons pour une nouvelle mutation…

 

  • Pourquoi avoir fait le choix de devenir infirmier dans les armées ?

Le choix du métier dans le monde de la santé était pour moi une évidence assez tôt. S’occuper des autres et les soigner, ainsi que de pouvoir soulager les maux et les douleurs, participer au rayonnement du service de santé des armées, sont des missions très enrichissantes tant humainement qu’intellectuellement. J’ai fait le choix de la Marine nationale car je désirais exercer une profession qui me plait tout en partant à la découverte de nouveaux horizons. Je voulais concilier mes deux passions : soigner et voyager.

Par ailleurs, l’esprit d’appartenance à une unité constituée qui part en mission fut également une motivation. En effet, on est tous dans le « même bateau », avec ses moments intenses (réalisation de la mission) et ses moments de détente (escales).

Enfin, l’armée me proposait beaucoup plus d’opportunités professionnelles et de contextes d’emplois extrêmement variés (sous-marins, avions, hélico, OPEX, hôpital, formateur, etc.), avec tout ça je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer !

 

  • Quels ont été les moments forts de votre carrière ?

Ma première mission sur un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) m’a particulièrement marqué, car avec à peine plus de 6 mois de diplôme en poche, on doit être capable d’agir totalement seul auprès d’environ 80 membres d’équipage. Sans pouvoir téléphoner, ni envoyer de mails et cela face à toute situation. Evidemment, lorsqu’on est jeune et qu’on sort de l’école, on a tendance à imaginer les pires situations et on se demande si on sera à la hauteur, seul à plusieurs centaines de mètres sous l’eau. Et lorsqu’on rentre de cette première mission, et que rien de ce que l’on n’avait imaginé ne s’est produit, on est rassuré. En effet, les équipages de SNA sont dans l’ensemble jeunes et surtout soumis à l’une des visites médicales les plus approfondies, ce qui nous permet d’éviter un maximum de risques. Dans l’ensemble, la majorité des pathologies rencontrées à bord sont de la traumatologie, de l’ORL, du digestif. J’ai principalement pratiqué de la médecine générale que de l’urgence vitale.

Il y’a également l’OPEX au Mali. Cela m’a permis de me confronter à un autre aspect de notre métier. Probablement plus proche de l’image que l’on peut avoir des armées. Cette fois j’ai échangé mon uniforme de la Marine nationale pour le treillis couleur sable. Puis, direction le Sahel sur une zone d’opérations extérieures mais cette fois avec la prise en charge de victimes liées au conflit armé. Ce fut une expérience très enrichissante, tant vis-à-vis du contexte que des moyens humains et matériels. En effet, j’ai pu apprendre à travailler en équipe (et notamment avec un médecin) après plus de 4 ans à partir en mission en tant que seul personnel santé. Mais également car nous effectuions nos missions en avion médicalisé, je passais des profondeurs de la mer à la hauteur dans le ciel.

 

  • Comment se manifestent « l’esprit d’équipe » et « l’humanité » au quotidien dans votre métier ?

Sur un bâtiment de la Marine nationale, et particulièrement dans les sous-marins, l’esprit d’équipe est partout, tout le temps. Plusieurs semaines et mois enfermés dans une « boite » à ne pas toujours avoir de nouvelles de notre famille (en fonction des types de missions), il faut apprendre à vivre en communauté et dans la promiscuité. Mais cet « esprit » nous permet d’affronter ces contraintes avec sérénité et convivialité. L’humanité au quotidien pour moi, ce sont les membres de l’équipage qui nous la procure le plus lorsqu’ils ont confiance en nous.

De plus, il faut savoir être dans l’écoute et la bienveillance, et évidemment soigner nos camarades. L’infirmier à une fonction moins « hiérarchique » dans l’équipage, il peut donc être attentif et s’occuper de tous sans distinction de grades ou d’ancienneté, du commandant au plus jeune matelot ou mousse.

En OPEX j’ai pu constater l’impact de notre mission, notamment lors de l’aide médicale aux populations. Je me suis senti utile et j’ai vu à de nombreuses reprises le soulagement dans leurs yeux lors de leurs prises en charge dans les zones de conflits. Cela restera un souvenir très fort pour moi.

 

  • Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?

Dorénavant les missions sur sous-marins (SNA) sont derrière moi, place aux plus jeunes. Je vais continuer en occupant des postes à responsabilités (encadrement, RH, pilotage, expertise) au sein de la chefferie santé, et si je m’épanouis pleinement dans cet aspect de la carrière, pourquoi ne pas passer le concours de cadre de santé. L’aspect formation, m’intéresse beaucoup également, pourquoi pas retourner à l’EPPA ou alors tenter ma chance en outre-mer. Il y a encore tant d’opportunités encore à explorer…

 

  • Que dire à un jeune qui hésiterait encore à sauter le pas pour rejoindre le SSA ?

L’un des points forts du SSA est la grande diversité d’emploi qui nous est proposée : naviguer pour la Marine, partir en OPEX principalement avec l’armée de Terre, travailler en hôpital, faire des soutiens sanitaires dans différents cadres (sportifs, évènementiels, manœuvres militaires, entrainements, etc.).

Le fait d’avoir des environnements d’exercice très différents en fonction des missions : la mer, les airs, le désert, la forêt, les régiments, la montagne, les bases aéronavales, est un grand avantage. En tant que soignant nous pouvons évoluer grâce à des vecteurs peu communs : hélicoptère, véhicule sanitaire de l’avant blindé, sous-marin, aéronef, chasseur de mines.

En outre, la qualité de la formation et la possibilité de toujours se perfectionner est incomparable. Nous avons l’opportunité d’évoluer continuellement grâce à des stages de formations continues à l’hôpital, des conventions de stage avec le SAMU ou des qualifications spécifiques en fonction des milieux soutenus (nucléaire, hyperbariste…).

Enfin, les perspectives d’évolution vers les carrières d’infirmier anesthésiste-réanimateur (IADE), d’infirmier de bloc-opératoire (IBODE) ou de cadre de santé sont des opportunités de spécialisation du métier d’infirmier.

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